Le 19ème congrès du Parti communiste chinois (PCC) s’est ouvert mercredi 18 octobre. Pour rappel, le congrès du PCC a lieu tous les cinq ans et donne historiquement le cadre des changements politiques et de dirigeants. Le président Xi Jinping profite de bonnes données sur la croissance chinoise pour confirmer le cap adopté au cours des dernières années et renforcer le pouvoir du Parti.
Maintien de l’orientation de la politique chinoise
Dans son discours inaugural devant le Congrès réuni à Pékin, le président Xi Jinping n’a pas voulu initier de rupture dans l’orientation de la politique chinoise, mais a souligné à l’inverse sa volonté de la poursuivre. Très peu de précisions chiffrées ont été données devant le public chinois, ce qui peut laisser planer des doutes sur le rythme des réformes mais les grandes politiques actuelles ont été confirmées. Le dirigeant souhaite faire renaître l’empire du Milieu comme « la » puissance économique mondiale et a insisté sur la volonté du gouvernement de moderniser le pays. Cette modernisation promise passe par une plus grande ouverture économique et financière, tout en limitant les impacts environnementaux. Dans le même temps, Xi Jinping estime que la Chine doit rester fidèle à son modèle ce qui implique de ne pas chercher à copier les systèmes politiques occidentaux et d’écarter la possibilité d’une libéralisation du régime : « défendre l’autorité du Parti ». Le maintien de la ligne politique veut par ailleurs probablement dire conservation du modèle de la « Chine unique » et donc refus de l’indépendance de Taiwan.
Parti en faveur de l’économie réelle
Pour rappel, Xi Jinping s’est toujours posé en critique du système économique libéral, notamment américain. Très tôt, il a cherché à lutter contre la spéculation financière dans l’immobilier. Il prend maintenant position contre les crypto-monnaies, et cherche à stopper les fuites de capitaux hors de Chine (les autorités chinoises interviennent pour soutenir le yuan afin d’éviter la fuite des capitaux – la monnaie s’est en effet apprécié d’environ 5% par rapport au dollar cette année, et les réserves de change du pays ont augmenté sur les 8 derniers mois – à 3109 milliards de dollars – au plus haut depuis octobre 2016). Sa conviction repose sur le fait que le secteur financier doit soutenir l’économie réelle et non pas le prix des actifs financiers ou les montages financiers à l’étranger. Pour lutter contre les bulles spéculatives, les priorités du Parti sont évidentes : développement urbain, technologie environnementale, énergie, mobilité, logistique et infrastructures. Cette politique permet de « booster » la croissance mais au prix d’une dette galopante. Celle-ci a quasiment doublé depuis 2008 pour atteindre 20 000 milliards d’euros soit environ 250% du PIB. Les efforts pour éviter le recours excessif à l’endettement pour éviter l’éclatement d’une éventuelle bulle immobilière risque d’avoir un impact négatif sur le taux de croissance.
De plus, Xi Jinping a indiqué que la Chine était en train de passer d’un modèle de croissance rapide à « un développement axé sur la qualité » et la réduction des inégalités. Les nouveaux moteurs de croissance seront « l’innovation », « l’intelligence artificielle » ou encore le « big data » ou l’industrie avec le plan « made in China 2025 ». L’exemple des deux roues électriques est flagrant : face à l’important taux de pollution dans ses villes, le pays a lancé dès 2009 un vaste plan de développement du véhicule électrique. Il y a aujourd’hui plus de 200 millions de deux roues électriques dans le pays !
Une croissance qui reste robuste
Au lendemain de ce 19ème Congrès, la publication du PIB chinois du 3ème trimestre est venue appuyer la stratégie du gouvernement pour une croissance plus durable. Poursuivant sur son élan du début d’année, le PIB a progressé de 6,8% au troisième trimestre, après 6,9% lors des deux premiers. Ce taux confirme la marge de manœuvre restante aux autorités pour mettre en œuvre leur stratégie compte tenu d’une cible annuelle qui devrait être largement dépassée en 2017 (6.5%). Le FMI, qui a déjà relevé ses prévisions à trois reprises, table désormais sur une croissance de 6,8% pour 2017.
L’indice représentatif du marché chinois, le Shanghai Stock Exchange Composite, a légèrement baissé après cette publication. Cette réaction ne démontre pas une déception du marché, mais plutôt des prises de bénéfices après de bonnes performances depuis le début de l’année. Les chiffres étaient en effet conformes aux attentes des analystes sondés par l’AFP.
A noter par ailleurs que la Banque Centrale de Chine anticipe encore une croissance de 7% au second semestre ! Soit davantage qu’au premier semestre (6.9%) et que les anticipations de beaucoup d’investisseurs.
Evolution du Shanghai Stock Exchange Composite depuis le début d’année (échelle normalisée)