Comme anticipé, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé d’un quart de point ses taux directeurs mercredi. Elle s’en tient ainsi au principe d’une hausse par trimestre, les deux dernières datant de décembre et mars. Les marchés financiers s’attendaient à ce resserrement du coût du crédit. La véritable question était de savoir si Madame Yellen allait modifier sa stratégie et retarder les prochaines hausses de taux en raison des derniers indicateurs économiques très mitigés aux Etats-Unis. Il n’en a rien été, la Fed devrait poursuivre son resserrement monétaire d’ici la fin de l’année. Le ton peu accommodant de Madame Yellen a entraîné une hausse des taux longs américains après la forte détente observée la veille.
La Fed relève ses taux et maintient son objectif de 3 hausses de taux en 2017 et 2018
La Fed a donc rehaussé une nouvelle fois son taux directeur d’un quart de point (0.25%). Il s’établit désormais entre 1% et 1.25%. Cette décision « reflète l’amélioration persistante de la situation économique » selon Janet Yellen. Pourtant, les dernières statistiques outre Atlantique (croissance du PIB, ventes de détail, créations d’emplois) étaient globalement décevantes. De même, les récents chiffres sur l’inflation ont montré une nette décélération (1.7% sur les 12 derniers mois au lieu de 2%) mais Madame Yellen estime que ce ralentissement est lié à des facteurs temporaires. D’après elle, l’amélioration sur le marché de l’emploi devrait faire remonter le taux d’inflation sous-jacente à terme vers l’objectif de la Fed.
Pour la suite de sa politique monétaire, la Fed ne faiblit pas. Elle vise toujours 3 hausses de taux directeurs sur l’ensemble de l’année 2017 et un rythme similaire en 2018, avec un objectif de taux sur le long terme de 3%. L’institution n’a modifié qu’à la marge son appréciation de l’environnement économique et ses prévisions. Elle a ajusté de façon « mécanique » sa prévision d’inflation sous-jacente pour 2017 à 1,7% (vs 1,9%) sans modifier 2018 et 2019 (2,0%). La Fed a également relevé sa prévision de croissance pour 2017 à 2,2% (vs 2,1% en mars).
La Fed mentionne pour la première qu’elle réduira la taille de son bilan avant fin 2017
Lors de la conférence de presse, Madame Yellen a annoncé une nouvelle très importante aux yeux des marchés financiers : « le comité souhaite entamer la normalisation du bilan de la Fed cette année, à supposer que l’économie évolue globalement comme prévu ». Elle a pour rappel acquis plus de 4000 milliards de dollars de titres après la crise financière de 2008 afin de pousser les taux d’intérêt à la baisse et favoriser l’activité économique. Réduire la taille du bilan signifie que la Fed cessera de réinvestir le produit des titres arrivant à maturité. Les montants non réinvestis viendront donc augmenter le montant de dettes américaines à digérer par les investisseurs, et contribueront à faire monter les taux souverains (moins de pressions acheteuses). D’après les détails donnés par l’institution, ces montants non réinvestis concerneront à la fois les obligations souveraines et les créances immobilières titrisées (MBS). Ils seront de 10 milliards de dollars par mois (dont 6 MM$ pour les obligations souveraines), augmentés de 10 MM$ par mois chaque trimestre, jusqu’à ce que le total soit de 50 MM$ par mois. Janet Yellen a par ailleurs précisé que la Fed s’arrêtera à un niveau de bilan supérieur au niveau historique (environ 1000 MM$). Si les niveaux atteints restent proches de 1000 milliards de dollars, cela signifie que les marchés auront environ 3000 milliards de liquidités à absorber sur une courte période, ce qui pourrait entrainer une forte poussée des taux.
L’optimisme de la Fed et le ton peu accommodant de Janet Yellen provoquent une légère remontée des taux longs
La veille du communiqué de la Fed, des chiffres décevants sur l’inflation et les ventes de détail aux Etats-Unis avaient entrainé une forte détente des taux, les investisseurs estimant que ces données entraineront un ralentissement de la normalisation monétaire de la Fed. Les intervenants croient par ailleurs de moins en moins au programme pro relance de Donald Trump. Ceci est observable avec la trajectoire baissière des taux longs américains depuis plusieurs semaines. Ainsi, l’annonce au contraire de la poursuite du resserrement monétaire et d’un début prochain de dégonflement du bilan de la Fed a stoppé cette tendance baissière : les obligations souveraines US ont monté de 2.13% à 2.17%. Le dollar s’est également renforcé par rapport à l’euro. L’euro valait jeudi soir 1.1144 dollar contre 1.1221 dollar la veille. La Fed semble donc plus optimiste que les marchés financiers sur la croissance et l’inflation.