La Banque Centrale américaine (FED) a relevé son taux directeur de 25 points de base, de 0.25% à 0.50%. Cette hausse est historique car il n’y a pas eu de mouvement de ce type aux Etats-Unis depuis 10 ans. Ainsi par cette action J. Yellen marque la fin de la période à « taux zéro », de l’argent pas cher.
Cette décision était très attendue par le marché qui l’avait déjà intégrée dans les prix, et donc n’a pas donné lieu à des mouvements significatifs. Quelques doutes persistaient tout de même au vu des derniers évènements, notamment sur les cours des matières premières, et en particulier du pétrole qui a baissé de plus de 22% depuis la dernière réunion de la FED du 28 octobre 2015. Cette baisse tient essentiellement à l’excès d’offre de pétrole sur le marché international (absence d’accord au sein de l’OPEP, stocks de pétrole qui sont revenus sur les plus hauts niveaux historiques). De plus, les indicateurs économiques américains n’ont pas montré de signes d’amélioration significative en termes d’inflation ou d’activité (le secteur industriel est en fort recul).
Néanmoins, la FED a tout de même décidé d’amorcer le resserrement de sa politique monétaire, qui était annoncé depuis plus d’un an. Elle a justifié son action par une confiance claire dans l’évolution de l’économie américaine qui parviendrait dans les trimestres à venir à générer suffisamment d’inflation pour compenser les pressions négatives sur les prix qui proviennent du reste du monde (faiblesse des prix des matières premières, et renforcement du dollar contre les autres devises). Cependant, Janet Yellen a nuancé son choix en indiquant que le resserrement à venir serait « progressif » en fonction de l’évolution de l’inflation. Les hausses futures ne seraient pas nécessairement uniformément étalées dans le temps et « mécaniques ».
Janet Yellen a déclaré qu’elle visait deux buts en agissant maintenant :
- Se créer de la marge de manœuvre (afin de rebaisser les taux directeurs si besoin) alors que le contexte international reste instable et que les Etats-Unis ne sont pas à l’abri d’un choc extérieur ;
- Agir tôt pour avoir le temps d’évaluer l’impact du relèvement sur l’économie en termes de croissance.
La question est désormais : à quelle cadence la Fed va-t-elle effectuer son resserrement monétaire ? Les décisions futures seront prises en fonction de l’évolution des données du marché du travail (chômage et progression des salaires) et d’inflation (constatée et anticipée).
Ainsi, elle a maintenu son objectif à fin 2016 de 1.375% sur les taux directeurs, soit 4 hausses de 0.25% si les cibles d’inflation et de chômage sont atteintes. Selon la FED, le pétrole très bon marché et le dollar très cher sont des facteurs temporaires de baisse des prix. Toutefois, une première inflexion haussière sur les matières premières serait nécessaire avant la prochaine augmentation des taux directeurs.
Cependant, le prix pétrole pourrait rester durablement bas car l’offre devrait se renforcer dans les mois à venir (arrivée du pétrole iranien, arrêt des quotas de production, possible levée de l’interdiction d’exportation du pétrole US par le congrès…) alors que la demande faiblie dans un environnement de ralentissement économique mondial. De plus la force du dollar devrait perdurer de part le différentiel de politiques monétaires.
L’évolution du prix du pétrole et la vitesse avec laquelle l’impact de la désinflation importée va se réduire, pourraient donc contrarier les prévisions de la Fed qui devrait finir par revoir à la baisse le rythme de relèvement de ses taux directeurs.
Le dollar devrait par conséquent se maintenir sur les niveaux actuels contre euro, sauf si la BCE renforce de nouveau sa politique monétaire accommodante faisant de ce fait baisser la devise européenne.