Royaume-Uni : une croissance soutenue par une hausse de l’endettement
Les données du produit intérieur brut du troisième trimestre, publiées aujourd’hui, montrent que la croissance reste solide au Royaume-Uni (+3% en variation annuelle) et les diverses enquêtes, bien qu’indiquant un possible tassement, ne signalent pas de dégradation forte de la conjoncture pour les mois à venir.
L’indice PMI composite, qui regroupe les secteurs manufacturier et des services, s’affiche à 57,4 pour le mois de septembre, soit bien au-dessus du PMI dans la zone euro (52). Le climat des affaires est proche de son plus haut historique au Royaume-Uni alors qu’il se situe à un niveau très faible dans le reste de l’Europe. La production industrielle est en hausse de 2,5% alors qu’elle baisse de 1,9% dans la zone euro.
Cette opposition dans les données économiques entre les deux zones se retrouve du côté des consommateurs. Le taux de chômage est en baisse sensible, 6% contre 7,7% il y a un an, en Grande-Bretagne, alors qu’il est globalement stable dans le reste de l’Europe à 11,5%. Les ventes au détail sont en faible hausse dans la zone euro (+0,9% sur douze mois) alors qu’elles augmentent de 3,9% au Royaume-Uni.
L’explication de ces trajectoires de croissance complétement différentes est à chercher dans la variation de l’endettement public et privé. Tandis que les Etats de la zone euro ont mis en place des politiques budgétaires restrictives, permettant de réduire le déficit, -2,5% aujourd’hui contre -6% en 2010, le Royaume-Uni affiche toujours un déficit de 6%. Depuis 2007, la dette publique britannique a ainsi crû de 45 points de pourcentage contre 24 pour la zone euro.
Au niveau des ménages, le même constat peut être établi. Tandis que les crédits à la consommation sont en baisse continue dans la zone euro depuis fin 2011 (-60 Mds EUR sur la période), en Grande-Bretagne, ils suivent la trajectoire inverse puisqu’ils s’affichent en hausse de 11 Mds GBP en rythme annuel, soit l’équivalent de 0,6% du PIB. Les prêts immobiliers suivent également des tendances différentes, ils sont stables dans la zone euro depuis fin 2011 alors qu’ils augmentent de 14 Mds GBP par an outre-manche, avec une nette accélération depuis le début de l’année (25 Mds GBP en rythme annuel).
L’économie britannique croît à un rythme élevé et bien supérieur à celui de ses voisins européens, néanmoins la contrepartie associée, à savoir une hausse de l’endettement privé et public importante, pénalisera le Royaume-Uni dans le futur.
Royaume-Uni : Crédits à la consommation (en bleu, en Mds GBP), prêts immobiliers (en vert, en Mds GBP), ratio dette publique/PIB (en rouge, en %) et PIB trimestriel (en noir, en trillion GBP)
Les autres points clés de la semaine
Les actifs les plus risqués (actions, obligations périphériques et high yield) ont fortement rebondi cette semaine, mettant de côté les craintes qui avaient pu les affecter ces derniers temps. Le CAC 40 prend près de 3% et le S&P 500 gagne plus de 3,5%.
Aurélien Blandin
Gérant