Japon : Le ralentissement de l’inflation se matérialise dès à présent
Lors de la mise en place de sa politique d’assouplissement qualitatif et quantitatif, en avril 2013, la Banque Centrale japonaise souhaitait amener, durablement, l’inflation à 2 % dans un délai de deux ans. Les derniers chiffres publiés indiquent que cet objectif ne sera probablement pas atteint.
En août, l’inflation globale est de 3,3 % (en variation annuelle) et en excluant l’alimentaire et l’énergie de 2,3 %. L’écart entre ces deux mesures est lié à l’explosion des prix des biens importés par le Japon, concomitante à la dépréciation du yen – les importations représentant 88 % de l’énergie et la moitié des produits alimentaires consommés. Cette donnée est en décélération continue, après un point haut atteint en mai à 3,7 %. Dans le détail, la hausse des prix de l’ensemble des composantes est également en ralentissement depuis quelques mois.
En excluant l’impact de la hausse de la TVA le 1er avril dernier, estimé à 2 % par la BoJ, la core inflation s’affiche à 0,3 % (en variation annuelle), en nette diminution par rapport au printemps dernier (+0,8 %) et au plus bas niveau depuis octobre 2013.
La chute de la consommation (-20 % au T2 en annualisé) oblige les producteurs et les distributeurs à modérer leurs prix et entraine une compression de leurs marges. Dans ces conditions, une inflation intrinsèque basée sur une demande et une offre dynamiques n’est pas prêt de se matérialiser au Japon. Afin d’atteindre son objectif la BoJ risque de devoir pratiquer une politique monétaire encore plus accommodante dans les prochains mois.
Evolution de l’inflation (en vert) et de l’inflation hors alimentation et énergie (en bleu) au Japon
Les autres points clés de la semaine
Les marchés financiers ont été impactés par les craintes d’un resserrement plus rapide qu’anticipé de la politique monétaire de la Fed. Le CAC 40 perd 1,6 %, le S&P 500 est en baisse de 1,9 % et le dollar s’affiche en hausse (+0,3 % par rapport au yen et +1,1 % par rapport à l’euro).
En Europe, la dégradation des données économiques se poursuit (l’indice PMI de l’activité dans l’industrie baisse une nouvelle fois, l’indicateur des attentes IFO du climat des affaires est au plus bas depuis janvier 2013). Les perspectives de croissance sont moroses (cf. nos points hebdomadaires précédents).
Aurélien Blandin
Gérant