Etats-Unis : un risque d’inflation sous-estimé par la Fed et les marchés financiers ?
Les derniers chiffres publiés confirment un net redressement de l’inflation aux USA. Après un point bas à 1,1 % en février 2014 celle-ci s’affiche en hausse de 2 % en juillet ; les données de l’inflation hors alimentation et énergie, bien moins volatiles, évoluent dans le même sens (hausse de 1,9 % contre 1,6 % au printemps). Divers éléments signalent d’ailleurs une très probable poursuite de la hausse de l’inflation, au-delà du niveau cible de la Fed (2 %).
Nous pouvons ainsi noter la réduction sensible des surcapacités de production industrielle, l’utilisation actuelle étant de 79,2 % contre 80 % au plus haut du précédent cycle (2006-2007) et moins de 70 % au coeur de la récession de 2008-2009.
La nette embellie du marché du travail depuis le début d’année va également dans ce sens. Les créations mensuelles d’emplois sont supérieures à 200 000 depuis 7 mois, l’économie US n’avait pas créé autant de postes en une demi-année depuis début 2006 et les emplois offerts par le secteur privé (mesurés par le sondage JOLTS, indicateur clé de la Fed) sont en très forte accélération et au plus haut depuis 2001.
Par ailleurs, il est à noter que le taux de chômage chez les travailleurs les plus diplômés (disposant au moins d’une licence) qui représentent le tiers de la population active américaine est de seulement 3,1 %, soit la moitié du taux global (6,2 %) et le tiers de celui des employés les moins formés (9,6 %). Or, cette situation de plein emploi pour cette catégorie professionnelle peut être mise à profit pour obtenir des hausses de salaires, inflationnistes pour l’ensemble de l’économie.
En choisissant de mener une politique monétaire « behind the curve » (en retard par rapport à l’amélioration des données économiques), la Réserve Fédérale américaine pourrait bien se retrouver rapidement confrontée à une inflation supérieure à ses attentes et être obligée de réagir en augmentant de façon rapide ses taux directeurs. L’économie et les marchés financiers en subiraient les conséquences.
Evolution du nombre d’emploi offerts aux USA (en noir), de l’utilisation des capacités de production industrielle (en vert) et impact sur la core inflation (en bleu)
Les autres points clés de la semaine
Les marchés actions européens poursuivent leur rebond et s’affichent en hausse malgré la faiblesse des données économiques (baisse des indices PMI et chute de l’activité dans le secteur de la construction).
Au Japon, la balance commerciale se dégrade et les ventes dans les supermarchés baissent. Une augmentation du QE de la part de la BoJ est de plus en plus probable.
Aux USA le secteur de la construction poursuit son rebond et l’activité se porte bien (indice PMI au plus haut). Le S&P 500 profite de ses données pour battre un record historique (1994,76 points).
Aurélien Blandin
Gérant